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    La goutte d'eau ruisselle sur un front dégarni, cheminant sur un dôme bunkerisé; zone de protection échevelée d'un encéphale attardé. Elle se laisse porter par des crevasses sèches, un circuit se dessine sous ses pas d'H2O, une bifurcation l'entraine près d'un gouffre sans fin, la pente est abrupte et le sol glissant; elle aperçoit une ombre gigantesque qui macule son horizon de liberté: le sol tremble.

    Avec angoisse elle se précipite le long de la paroi du ravin, son corps s'étire et devient ruban, elle peine à maintenir sa cohésion structurelle. La descente semble ne jamais s'arrêter, le temps devient tyran. La fin de l'horreur semble être proche, la pente s'arrête, la chute continue.

    L'emprise totale et soudaine de la gravité la rend malade, il y a un lac immense en contre-bas. Elle s'imagine que la chute l'a rendue folle, elle rêve d'un paradis artificiel.

    Soudain elle se sent devenir plus grande, en un temps si court. L'harmonie est une douce musique, le verre tinte légèrement...

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  • Tu aurais besoin de 2kilos de pommes et quelques tomates, ça te coûtera 10E. C'est dans l'énorme hypersupermégamaximarché que tu te rends avec ta voiture mangeant de l'essence. Sur l'hypersupermégamaxiparking tu trouves une place de stationnement, rangement bataille avant; tes bottes en daim souffrent, elles t'ont coûté 250E, le daim ne résiste pas à la neige, là tu as envie de hurler, en plus avec le vent tu es toute décoiffée.
    Ouverture des portes automatiques, tu t'engouffres dans un four chauffé à 25°C, capacité de stokage : 0.6k* gens. Tu prends un petit panier couleur et disign Hi-tech, tu le portes avec ton bras gauche comme un sac à mains, ton bras droit s'occupe déjà de ton "fourre-tout fashion", tu ressembles à un arbre mal fagoté, remarque, ça fait les bras.

    C'est avec nonchalance que tu te diriges au rayon maquillage, là tu te sers sans vergogne des testeurs pour replâtrer ta façade, tu n'imagines pas les 9k* pouffs qui ont répandu leurs aphtes et autres joyeusetés sur ce rouge à lèvre glossy rose à paillette aux ingrédients indéfinissables à C= 30mol.L-1* de cancers.
    Toujours en mode porte-sac, tu te traines jusqu'au secteur fruits et légumes, tu y trouves sans soucis tomates fraîches et gonflées à 5E le kilo, même pas peur. Les pommes te font de l'oeil, tu découvres une 40aines de variétés et encore plus de couleurs, rondes et grosses elles semblent juteuses et nutritives, 3E le kilo et 30 traitements pesticidaires par pomme. Tu veux faire ta compote à tout prix, en même temps t'as que ça a faire de tes journées.
    Tu pars à la caisse, un beau gosse te fait les yeux doux, en passant tu achètes une boîte de capotes XXXL, 4E, bah ouais on sait jamais.

    Ce soir la compote ce sera ton corps, le beau mâle flotte dans son slim sexuel XXXL, malgré ça il n'arrête pas, tu finis même par te demander s'il n'a pas un problème d'éjac.
    La nuit fut courte.
    C'est avec humeur que tu te lèves à 10h, le beau gosse t'as réveillée dans le baisodrome lit et réclame son pti déj' sur place (pas folle la guêpe), tu t'exécutes, avec une idée derrière la tête: dans un joli bol rose tu lui présentes une belle pomme...


    * 0.6k gens= 600 gens (le k étant une abréviation de kilo, il faut rajouter 3zéros en gros)
    *9k= 9000 pouffs (de même)
    *C= 30mol.L-1, C est une concentration, en chimie la concentration est calculée en nombre de moles par litres, ici la valeur est énooooorrme.





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  • Mal entendu, mauvaise entente, dialogue de sourd, préjugés, convictions mal placées, m'en foutisme, non-sens, abrutisme aigu... Univers familial impitoyable, aux murs hauts et acérés; tu songes à une liberté qui ne te sera jamais accordée.
    C'est avec délectation que tu imagines quelques incidents, la chute dans les escaliers c'est classique mais ça peut encore marcher, la voiture un peu sabotée, si c'est fait discrètement tout ira bien.

    Un jour tu te dis que l'accident ce sera toi, quand tu en auras vraiment marre et qu'il pleuvra dehors: c'est toujours plus triste un jour de pluie.
    Nouvelle tactique, tu as changé tous les meubles de place, semant un dawa monumental, tu avais lu ça dans un magasine, psychologiquement parlant ça aide de faire de la place autour de soit. C'est à la cave que tu finis ta soirée: là tu te dis que t'es mal barré. Il fait noir et froid, tu sais déjà que tu n'auras pas grand chose à manger. Toujours psychiatriquement parlant tu te dis qu'avec une bonne maladie on s'occupera un peu de toi: tu rêves déjà d'un grand chocolat chaud et d'un bisous de ta maman. C'est donc en sous-vêtements que tu dors, tu as même pensé à arroser tes pieds avec de l'eau froide. Tu avais oublié que ça faisait mal le froid, tant pis on verra demain.

    Demain ne viendra jamais, tu as signé ton arrêt de mort tout seul, mourir de froid au fond d'une cave c'est pas très glorieux quand même; malgré tout tu auras gagné ton pari, ta mère est devenue dépressive et ton père projette de se pendre...

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  •  C'est avec acharnement que tu tentes de maîtriser tes tremblements. La pièce devient trop petite, tu sens les murs se rapprocher de toi, l'air s'en aller, le temps s'allonger. Tu transpires abondamment,  respires plus fort qu'après une course éreintante. Ton coeur bat la chamade, ta cage toracique est trop étroite pour lui, tes viscères manquent d'espace dans ton ventre tout contracté.
      Tu commences à prier, à supplier n'importe qui de venir t'aider. Dans la salle noire, en pleine crise de panique, tu voles à chaque coin de la pièce comme un papillon sous un verre retourné. Tu déambules sans te rappeler où est la porte pour sortir, désespéré, tu te dis que tu vas mourir là, broyer par l'enceinte du bâtiment, abandonné par tous ceux que tu aimais.
     
      Tes pleurs résonnent de plus en plus fort dans le lieu exsangue. Roulé en boule au sol, tu souhaites ardemment qu'un rayon de soleil vienne caresser ton visage, que la brise entre et t'apporte un souffle de vie. Tu imagines une ligne jaune qui se dessine sur le mur en face de toi, au milieu de tes larmes chaudes la ligne est étrangement courbe. Tu fixes ton attention sur ce bout d'espoir, la ligne s'épaissit. 
       En haut et en bas, deux nouveaux traits jaunes apparaissent. Tu ne comprends pas, tu te contentes de t'accrocher au fait que tu n'es pas entrain de mourir asphyxié. Les  lignes deviennent encore plus larges et forment des angles complexes, tu apprécies la beauté de la figure, ton coeur bats plus vite.
      Ta maman ouvre la porte en grand, enlève ses chaussures et s'approche de toi. Elle t'emporte dans ses bras, tu sens son parfum rassurant. Soudain tu n'as plus peur, maman est là, l'appartement devient plus grand, maman est là...


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  • "... When I said we, you know I meant me
    and when I said sweet I meant dirty..."

    Slutgarden, Manson.


     Deviens le pantin de l'ombre, soit la poupée dénaturée. Fais tout ce qu'il souhaite, tu es son objet. Par désirs excessifs et sentiments mièvres, tu t'es jeté dans ses bras, douces et charmantes furent les premières étreintes. Maintenant pleures chaque soir tes erreurs.

      Hurles à la lune et cries dans le vent, ton maître se gausse de tes peines. Apprends à ne plus penser, tu es l'instrument de ses envies; remâches tes remords, graves les sur ton corps, tu ne peux plus changer ta condition d'asservissement.

      Subi, souffre et nettoie. C'est une notion clé dans cet échange à sens unique. Oublie ton passé, refuse l'avenir, soit l'objet de tous ses désirs.
       Le maître est bon, le maître pourvoit à chacun de tes besoins, alors dans l'accomplissement du don que tu as fait, deviens son jouet. Aimes ton maître autant qu'il t'aime, aimes la vie simple qu'il t'offre.

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