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Moisson de vie
C'était l'été, l'atmosphère lourde pré-orage rendait le village apocalyptique. Les vieux agars et remplis de superstitions louvoyaient le ciel en rentrant les épaules, ratatinés et rabougris êtres gris. Le vent gonflait les draps tièdes qui séchaient près des champs de blé, et si les nuages n'avaient pas été si noirs, peut-être nous croirions-nous un étage au dessus, un étage plus près des dieux.
Les femmes couraient en tous sens, rattrapant enfants en vadrouille, linge menacé de noyade et chiens trainant. Les hommes donnaient des ordres, rentraient le bétail et gardaient de marbre leur façade faussement froide face à l'imprévu. Les bêtes agitées rechignaient à la tâche, se sentaient à juste titre menacée.
Lorsque le premier éclair déchira les nuages noirs, le ciel hurla comme un chien qu'on éventre; un grondement sourd montait des enfers, résonnant dans les entrailles de tous les villageois. La terreur gagnait les coeurs les plus courageux et le malheur planait au dessus de ce fragment de monde. Avec une croissance régulière fréquence et intensité des éclairs augmentaient, créant une toile électrique autour du bourg, mortel piège pour désespéré.
C'était l'été, c'était un jour maudit, jour où certains hommes furent punis de la main divine, à coup de foudre, purifiés au feu et rendus cendre de vie.
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Commentaires
Bonjour, J'ai rarementlu quelque chose d'aussi beau! merci! A bientôt Marie